Ce que j'en pense ne va pas être facile à écrire, puisque j'ai en bruit de fond face à moi Robin des Bois, et en bruit de fond sur ma droite des questions concernant les Pokémons.
Je veux parler de l'affaire Dieudonné. J'hésite à écrire "affaire", puisque selon moi il ne devrait pas y avoir affaire. Mais j'hésite aussi à l'écrire avec un "A" majuscule, puisque tout est fait pour que ça en devienne une d'Affaire.
Avant de connaître Sébastien, j'avais entendu parler d'Elie et Dieudonné. Puis j'avais entendu parler de l'"affaire" Le Pen-Dieudonné. Et ni l'engouement du public à ses débuts, ni le pointage de doigt survenu ensuite ne m'avait fait faire un pas vers l'humoriste. (J'aime l'humour anglais. Tout comme leur marmelade, leur baked beans et leur accent !)
Puis est apparu Mont'. Et Mont', il aime l'humour de Dieudonné ! J'ai donc écouté certains de ses sketchs et je trouve qu'il aborde une majorité de sujets (religion, maladie, politique...) avec un vrai sens de l'humour (ce qui, je le reconnais, n'est plus très facile à discerner à cause de la "publicité" faite autour de lui, tant par les médias que par lui-même). Au printemps 2012, j'ai offert à Sébastien deux places pour son spectacle (cadeau que mon père nommait cadeau boomerang ; parce que celui qui offre en profite aussi !) (il était parfois très drôle mon père ! Il aimait Desproges !). C'était à Bordeaux, et nous n'avons assisté ni à un trouble de l'ordre public, ni à des atteintes à la dignité de la personne humaine. J'appréciai le premier sketch sur l'Affaire (; ) Strauss-Kahn, sans trouver d'intérêt à la précision de la confession religieuse du "héros" (si ce n'est de la provocation -si on ne prête pas d'idée antisémite à Dieudonné ; ou si ce n'est de l'antisémitisme -si on lui prête des idées antisémites) (comme bien souvent : tout est question d'angle de vue...). Il me semblait aussi que sa verve était quand même particulièrement ciblée sur les juifs (après, de nature méfiante, et empreinte des disgrâces dont il faisait les frais, j'ai peut-être focalisé sur ce que je voulais entendre, Sébastien m'assurant que tout le monde en prenait pour son grade dans ce spectacle-là) (le dernier spectacle que je ne connais pas -"Dieudonné droit dans le mur"- semble être moins équilibré... Mais le provocateur provoqué ne trouve-t-il pas une réponse dans la provocation ?...) . Et puis honnêtement, si l'on instaure des quotas dans l'humour, comme lors d'une élection présidentielle, on est mal barré ?!
Bref, personnellement, si je fais fi de tout ce qui est dit et écrit des deux parties qui s'opposent actuellement (Dieudonné, sa blogosphère et ses fans -fans sans parti, fans de droite, fans de gauche, fans d'extrême droite, fans d'extrême gauche, fans laïques, fans religieux, fans agnostiques...- d'un côté /les médias, les politiques, les non fans -non fans sans partis, non fans de droite, non fans de gauche...- de l'autre), Dieudonné m'amuse parfois et me déplaît d'autre fois. Je reste sur mes gardes puisque l'affaire est publique et que Sébastien la suit avec grand sérieux. Et si je n'avais pas rencontré Sébastien, l'engouement du public de Dieudonné ne m'aurait pas fait faire un pas vers l'humoriste... En revanche, l'acharnement médiatique et politique (l'un n'allant pas sans l'autre quand on y réfléchie...!) auquel doit faire face Dieudonné m'aurait fait faire un pas vers lui (tout ça pour écrire que j'aurais fini par m'y intéresser !).
Mais dans cette Affaire, outre l'ambiguïté de Dieudonné (personne, personnage ?), ce qui me gène le plus, ce qui me gène énormément c'est l'intrusion politique. Voir et écouter Manuel Valls (qui s'est montré nettement moins prolixe et clair sur l'affaire -trop d'affaires en France...- Léonarda...) juger une personne me déroute. Voir et écouter François Hollande faire de même (en plus "subtile", il ne mentionne pas le nom de celui dont on ne doit pas dire le nom) juger une personne me déroute. Et la justice ? A quoi sert-elle ? Les hommes politiques sont-ils maintenant juges et partie ? J'écris ça, je n'écris rien ; mais quand même ! Des circulaires invitant les préfets à faire interdire les spectacles de Dieudonné qui n'a été jugé "que" pour diffamations, injures et provocation à la haine et la discrimination raciale (au "que", les guillemets sont quand même sacrément importants...)... j'appelle cela de la censure. Qu'un geste tel que la "fameuse" quenelle soit défini par son "créateur" (un bras d'honneur détendu), mais interprété et expliqué différemment par ses détracteurs me gène aussi (le salut nazi) j'appelle cela de la présomption (mais pas d'innocence)... Et ça je ne le trouve certainement pas moins choquant que certains propos tenus par le personnage Dieudonné.
...
"On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui." Peut-être ne faut-il pas rire des juifs avec des antisémites qui interpréteraient au 1er degré, avec des juifs extrémistes qui interpréteraient au premier degré aussi, avec des politiciens qui voient plus de danger dans une tournée que dans l'avancement de la pauvreté, avec des médias qui confondent journalisme et scoop...? Bref, le politiquement correct en vigueur depuis une quinzaine d'années (mal-voyant, personne de petite taille, humour potache qui ne tâche pas...) ne fait pas bon ménage avec l'humour noir.
...
Ndlr : il y a tellement de mots clef dans ce post qu'afin d'éviter les ennuis, je vais donner quelques précisions. Si je devais me placer je dirais que je suis de gauche, mes arrières grand-parents ont été déportés à cause de leur croyance religieuse, j'ai mon lot de cancéreux dans la famille, je suis agnostique baptisée (!), etc... Humour ! (Enfin, tout est vrai, mais c'est de l'humour ; )
...
5 commentaires:
Arf...
Je n'ai jamais été sensible à son humour.
Affaire ou pas (tout dépend de quel point de vue on se place finalement), c'est trop.
Beaucoup trop.
Si je te rejoins sur certains points je suis beaucoup moins clémente sur d'autres.
L'appel à la haine raciale quelle que soit sa forme est condamnable et doit être condamnée.
Son discours et sa quenelle sont nauséabonds...
Mais je crois que c'est un long débat, qui se déploie difficilement sur un blog.
Là où je suis aussi interpellée, c'est lorsque ce sombre personnage fait appel aux dons de son public pour rembourser ses amendes, alors qu'il génère des bénéfices qui s'élèvent en millions d'euros.et à la fois très malin.
Pitoyable
Dans tous les cas, je zappe.
Je te rejoins sur bien des points, sans me classer dans la catégorie fan, je suis une amatrice immodérée d'humour noir, j'ai vu certains spectacles et si appel à la haine il y avait, c'était trop subtil pour mon petit cerveau, mais surtout je suis profondément choquée et écœurée par ce battage politique, cet acharnement médiatisé et les prises de parti de membres du gouvernement qui par ailleurs savent se montrer bien discrets sur d'autres sujets pourtant bien plus graves pour l'avenir de la société.
Au passage, ne vient on pas de voir un vote contre la levée d'immunité parlementaire de M Dassault?
@ Cloudy : à écouter bon nombre d'interviews (bien que peu sollicité sur les plateaux télé, on peut trouver un panel d'interviews et débats) je crois en ma tournure du "provocateur provoqué qui répond par la provocation". Alors je ne dis pas que sa réaction est maline et subtile. Mais ce que je dis en revanche, c'est qu'il y a à la base (une dizaine d'années) un procès d'intention.
Pour la quenelle, je ne suis pas fan de ce geste... trop attachée au bras d'honneur façon Isabelle Adjani dans l'Été meurtrier ; ou au majeur redressé !
Pour l'appel aux dons (illégal me semble-t-il), je ne fais pas rentrer ça dans la base de l'affaire. Mais je pourrais encore écrire que cela ne me choque pas (c'est un autre "débat") ; à l'inverse de l'intervention des politiciens dans cette "affaire"...
@ Claire : dis donc Claire, on n'aurait pas certains points communs ? ; ) Des bises (et je pense à BopIt !) (et j'écris un post sur la fin d'année !)
Je crois que ça pourrait me faire plutôt rire si :
Dieudonné ne s'affichait pas aux côtés de personnages qui à mon sens n'ont rien de comique (Le Pen, Soral, Fofana ou encore Faurisson pour ne citer qu'eux)
Dieudonné ne récompensait pas des photographies aussi abjectes que celles-ci http://www.blog.sami-aldeeb.com/2014/01/05/pour-ceux-qui-pretendent-que-la-quenelle-nest-pas-un-geste-antisemite/
Dieudonné se désolidarisait des dérives liées à "son sens de l'humour" et ne les banalisait pas.
Alors soit, tout ça est drôle et bien que je n'ai décidement pas le sens de l'humour, je suis farouchement contre la censure à son encontre.
Soit on parle bien d'antisémitisme pur et dur et on ne peut raisonnablement pas tolérer que qui que ce soit fasse une propagande aussi nauséabonde sous le feu des projecteurs sous couvert d'une étiquette de spectacle comique.
Quoiqu'il en soit, il doit bien se frotter les mains de tout ce battage politico-médiatique qui est finalement loin de le desservir...
Bon et sinon ? Quoi de neuf depuis Noël ? ;-)
@ Elodie : je te suis sur l'idée de se désolidariser des dérives racistes et antisémites ; et c'est un point qui me gène aussi (d'où mon interrogation entre personne et personnage ?). Maintenant, les cons sont partout et ne sont pas plus pointé du doigt ailleurs...
Pour les personnes que Dieudonné côtoie (à part Soral qui semble être un proche) j'y vois plus un tremplin (Le Pen) et une "moquerie" (euphmisme, mais je ne trouve pas mon mot) (Faurisson). Affirmer que les chambres à gaz n'ont pas existé c'est d'une bêtise sans nom ; et faut-il être bien imbu de sa personne et bien con, pour aller chercher un prix qui n'en est pas un ?... Du coup, n'est-ce-pas une façon d'arroser l'arroseur ? Comme je le dis souvent : ça ne serait pas si triste, on en rirait... Et peut-être Dieudonné préfère-t-il en rire de cette bêtise là ? (Et se moquer ouvertement d'un homme qui crache sur un pan de l'histoire juive, ce n'est pas salir les gens de confession juive...)
Pour les projecteurs, place aux médias. Jusqu'à peu d'années, les sketchs de Dieudonné ne dépassaient pas le cercle de ses abonnés internet, ni celui de ses spectateurs...
Et puis je tilte sur "antisémite". Lui-même ne se dit pas antisémite, mais antisioniste ; ce qui n'est pas la même chose. Être contre la religion juive n'a rien à voir avec le fait d'être contre la façon dont des sionistes religieux engagés dans la politique en Israël (et ailleurs) traitent la notion de territoire (Israël pas en tant qu'état, mais en tant qu'état juif, comme définit dans la Bible), sans se soucier de la cause palestinienne...
Bref, un vaste débat qui ne cessera que lorsqu'il n'intéressera plus (je fais confiance aux médias) ou lorsque Dieudonné sera vraiment clair sur ses positions.
Mais en attendant, nos politiciens mettent leurs nez là où ils n'ont rien à faire. Telle était mon indignation à la base !
Sinon, pour le neuf depuis Noël, un post arrive ! Et je t'envoie un mail aussi !
Enregistrer un commentaire