Mi juin, Noé, Agapée, l'homme et moi avons fait une virée grenobloise. Grenoble ? quelle drôle d'idée... La ville polluée dans la cuvette ? La ville où la périphérie est une pure catastrophe ? (Ndlr : mais pas pire que Langon ; ) Hé bah oui : Grenoble !!! Et franchement : quelle heureuse surprise ! Personne (ok, c'était un dimanche -!), de vieilles bâtisses, le tramway et ses fils (j'adore !), un bon restaurant trouvé sans même chercher, les œufs pour monter tout là-haut là-haut sur la "montagne" (référence littéraire à Nénègle : ). Une excellente journée où nous avons aussi profité du fait de n'être que quatre. Quel bonheur de profiter de mes Tourbillons en toute sérénité d'avoir assez d'oreilles pour entendre tout le monde, et ... Aaammmfff... (Encore, encore, encore ; )
Mais si nous nous sommes rendus à Grenoble, ce n'était pas dans le but de me faire changer d'avis sur cette ville (j'imagine que l'homme aimerait changer autre chose chez moi avant ce point précis !?!), ni même pour nous rendre compte que deux enfants c'est plus facile que trois enfants (alors cinq, je ne vous raconte même pas !!!). Non. Nous nous sommes rendus à Grenoble car cette année je m'étais lancé un défi : passer le C.R.P.E. (pour les non initiés -dont je faisais parti, et il m'a quand même fallu quelque temps pour retenir le sigle ! : le Concours de Recrutement des Professeurs des Ecoles) (ndlr : nullos le nom "professeurs des écoles", je lui préfère le nom désuet d'instituteur.trice -puisque il faut se faire à l'écriture inclusive et parce que le combat des femmes s'éparpille. Bref !) Et comme je me suis inscrite à l'académie de Grenoble, l'examen se déroulait à Grenoble (parce que la décentralisation c'est un peu comme le combat des femmes : il faudrait apprendre à prioriser... Re bref !). Sauf que moi, Grenoble, à part savoir que c'est une ville polluée (mais que son maire est plutôt bien -!) et que sa périphérie est toute moche, je ne connaissais pas. Et hors de question de partir à la recherche d'Alpexpo le jour J (parce que parfois je suis un minimum organisée ; ).
Avant le jour J, il s'est écoulé neuf mois. Petit topo, que vous cerniez mon contexte pour relever mon défi (!). Mi-septembre, je m'inscris. Mi-octobre, je constate que le programme est quand même vachement lourd, que pour la plupart des choses il ne s'agit pas de révisions mais bien d'apprentissages (sauf pour les fonctions sujet /verbe en français !!!) et que travailler seule chez soi, bah ce n'est pas trop mon truc (mille choses à faire à l'appartement ou zéro : impossible de me concentrer plus de deux heures... Je décide donc de m'inscrire à une formation à distance (bling bling bling, a fait mon compte en banque... -!). Début novembre, je reçois livres, plannings, contacts : je ne me sens plus seule (mais un peu quand même !) et réussi à travailler environ trois heures par jour (wouwouwou !!!). J'avoue que la pression monte et je me dis que "merde (même si ce n'est pas poli !), il faudrait quand même que je m'affole, parce que à ce rythme-là, je ne serai prête que dans trois ans et que j'aurais oublié ce que j'aurais appris au début". Alors c'est pas que je n'ai pas voulu m'y mettre, mais le fait est que les vacances de fin d'année sont arrivées, et qu'il est aussi facile de travailler durant cette période que de faire un régime ! Après cette coupure : impossible de me remettre à bosser en janvier. Pas envie. Pas d'énergie. Neurasthénique (bouhouhouh...). Mi février je reprends vie (il faut dire que le concours est prévu pour début avril) et me lance dans les annales de mathématiques. Punaise, je kiffe sa race (pas très poli non plus -mais il n'empêche que c'est vrai !). C'est pile le type d'exercices qu'il me faut, moi qui ai la concentration d'un poisson rouge : l'épreuve est composée de trois parties indépendantes, soit environ 1h15 à dédier à chacune d'entre elles. Je reprends confiance, parce qu'en plus je ne m'en sors pas trop mal (ndlr : je m'aperçois pour la première fois de ma vie que les maths c'est juste logique -presque magique du coup !). Et là, me voilà coupée dans mon élan : arrive mi-mars et le confinement. Ah ah ah !!! Tellement drôle... Si seule il ne m'était pas aisé de travailler, je comprends vite qu'il me faut lâcher les révisions (et surtout ne pas focaliser sur l'idée des non révisions) si je veux profiter au maximum de l'aventure qui se profile. Et j'y arrive, en me disant que dès le retour du père des Tourbillons, j'aurai des journées devant moi ; et que travailler dans l'urgence, ça me motive : ) Et ça m'a motivé ! Achat des annales de français et grincements de dents en découvrant les sujets. Il me faut aller à l'essentiel : nature et fonctions, propositions et pour mon plaisir (parce qu'il faut savoir se faire plaisir en toutes circonstances !) l'alphabet phonétique. Comme ce n'est quand même pas très drôle, et qu'il serait dommage que je perde mes "acquis" en math, je programme deux heures et demie pour cette matière (où -stress faisant ?- j'ai l'impression d'avoir tout oublié...).
Et nous voilà le 18 juin 6h45 (soit le jour J). A la sortie de la douche, l'homme me dit, avec une drôle d'intonation qu'il a quelque chose à m'annoncer : ma voiture ne démarre pas. (P***** !!! -sans points d'exclamation sur le moment, ni même petits astérisques ; ) Mais qu'il a tout prévu : la voisine lui a laissé les clefs de son garage pour que nous ayons accès à sa voiture, et il a des pinces pour recharger la batterie. Ok. Pas de stress, pas de stress, pas de stress... Petit déjeuner avec mes Tourbillons. 8h30 je dépose Agapée à l'école, et vois mon beau Linou filait chez un ami pour la journée. Petit détour par la boulangerie pour me prendre un sandwich. Retour à l'appartement, où je prends dix minutes sur le balcon pour fumer une cigarette (gestion du stress ; ) et embrasser Noé. Nous descendons ensuite avec l'homme au garage, et là : punaise... La voisine ne nous a pas donné la bonne clef, et nous nous retrouvons face à une porte de garage close, et à côté ma petite Fiat statique. Alors là, je sens que ma gestion du stress commence à faiblir (oh ?!). Voilà l'homme qui file dans la rue pour arrêter une voiture. Banco, une âme charitable ! Sauf que nous galérons bien pour maintenir les pinces et pour que le contact se fasse... Mais, à 9h30, j'entends le doux ronron du moteur. Wouwouwou !!! (Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut satisfaire du nécessaire ; ) Direction Grenoble ! (Ndlr : petite pensée à un professeur qui m'avait dit en début de formation que je me retrouverai en face de candidats qui n'ont rien d'autre à faire qu'à se consacrer et se concentrer sur leur formation, alors que j'ai déjà l'impression d'avoir vécu une journée en à peine trois heures !!!) 11h je prends possession de ma chambre d'hôtel et file à Alpexpo. Bah oui, parce que si l'épreuve de français ne débute qu'à 13h, pour des raisons sanitaires (...) je suis convoquée à 11h40. Alors ça impressionne un peu cet immense hall, avec ces centaines et centaines de tables. Je souris en me disant que punaise, depuis quand les professeurs des écoles ont à peine 18 ans ? (!!!) Et je rebrousse chemin en voyant une file de 50m faire la queue pour se rendre aux toilettes (tant pis, je patienterai jusqu'à 14h -puisque une fois assis, nous n'avons plus le droit de nous relever avant 14h !?!). 13h : distribution du sujet. Zou, directement à la partie 2 : la grammaire. Nature (mince, on parle de déterminant indéfini ou impersonnel -c'est fou comme le stress amène des questions que jamais je ne me suis posées...!), fonctions, figure de style, propositions, verbes... Je le sens plutôt pas trop mal : ) Lecture des textes de la 1ère partie (pour varier les plaisirs...!). Alléluia !!! Je les comprends, je ressors les idées, je pars confiante pour cette analyse de textes. Je retourne à la deuxième partie, rassurée (!), pour la finir. Je regarde la partie 3, ça me plait moyen, mais ça ne me parait pas infaisable. Allez, au bout d'une heure (grammaire finie, textes lus et compris, prise de connaissance de la partie didactique : je suis dans les clous : ) je décide de m'attaquer à la première partie. Merde (pardon), j'ai les grandes idées, j'ai compris, mais impossible d'en tirer un plan (de l'ennui de n'avoir fait qu'un entrainement...). Je bloque. Je regarde ma montre (ndlr : quel suspens !!!) : il me reste deux heures pour faire les parties 1 et 3 (là où il faut compter 3h15). Démoralisée. Et à côté de moi, ça gratte, ça gratte, ça gratte (j'aime pas les jeunes vifs d'esprit !!!). Je finis par faire ce que je peux pour la didactique. Et comme en venant passer le concours pas vraiment prête (euphémisme ; ), c'était pour mener mon projet à bout, je ne lâche rien et fais mon introduction pour l'analyse de textes (très important l'introduction -!) et comble les quinze minutes restantes en notant mon plan "détaillé" sur la copie... Je ressors h.s. de cette première épreuve, ne m'imaginant pas avoir plus de 14/40 (bouhouhouh) et un brin frustrée car honnêtement, si j'avais plus travaillé (notamment pour la première partie qui ne s'improvise pas) j'aurais pu tirer l'épingle du jeu. Mais voilà, j'ai fait ce que j'ai pu, avec ce que j'avais et quelque part (au fond à gauche -!), c'est bien : )
Petite soirée tranquille dans ma chambre, entre révisions des formules et des particularités des formes géométriques (je parlais de magie pour les maths ?!?), sushis et série Netflix. Alors que je m'apprête à éteindre ma lumière vers 23h, mon téléphone sonne. Au bout du fil, un Merlin en pleurs (...) : il s'est fait piquer. Et Agapée derrière lui, en pleurs aussi parce que je ne suis pas là. Gestion de crise à distance, puisqu'ils ne veulent pas aller réveiller Jean-Philippe qui dort (en même temps, c'est un peu l'heure de dormir !?!). Il doit être pas loin de minuit lorsque Morphée m'embarque (et finalement, je n'envie même pas ces petits jeunes qui n'ont rien d'autre à faire qu'à se consacrer et se concentrer sur leur formation -bis- parce que j'aime ce que je vis : ).
Vendredi 19 juin : réveil à 6h30 puisque, toujours protocole sanitaire faisant, même si l'épreuve ne débute qu'à 9h, je dois être sur place à 7h15. Je prends place à ma place (!). Je me gèle parce qu'il fait un temps pourri, que le hangar est immense (et sans chauffage ; ) et ses portes ouvertes, et que je n'ai toujours pas le droit de me relever ! Alors pour passer le temps, je textote, et c'est chouette : ) 9h : distribution du sujet. Je sais que les quatre heures imparties sont un peu ric-rac pour moi, alors comme lors de mes entrainements, je ne lis pas le sujet et me lance directement dans la première partie. Je sens bien que le stress (encore lui !) me fait perdre un peu mes moyens, mais je fais, je fais, je fais. Une heure et dix minutes plus tard, je me lance dans la partie deux (yes !). Un peu longue à mon goût tous ces problèmes ! Mais je fais, je fais, je fais ! Il me reste alors une heure et dix minutes pour la partie analyses de deux dossiers professionnels... et forcément je manque de temps (oh ?!). Punaise, que ces quatre heures sont vite passées (tellement rien à voir avec la veille -!). Je ressors enjouée (si, si ! Parce que j'ai vraiment pris du plaisir !), avec en tête un 26/40 d'assuré (et c'est rare -très rare- lorsque je pense avoir réussi une épreuve, et ce depuis le début de ma scolarité !) (ndlr : en même temps, je n'ai jamais vraiment réussi avant le B.T.S, ayant été jusqu'à lors une élève plutôt très moyenne -oups !).
Bref : sur le trajet qui me ramène à Annecy, je me sens fière de ce que j'ai accompli. Vraiment. Alors non, ça n'a peut-être rien de transcendant, mais je suis quand même fière ! Avoir réussi à travailler seule en menant de front révisions et vie avec mes Tourbillons. Ces deux choses menées de front avec la découverte de la vie de famille recomposée. Enfin, vraiment (au cas où je n'aurais pas été claire !!!) : fière : )
Et aujourd'hui, les résultats tant attendus (je suis plantée devant mon ordinateur depuis hier, puisqu'ils étaient annoncés pour 9h, puis 11h, puis 14h... pour finalement l'éteindre à 18h, bredouille !) sont arrivés. Roulements de tambours (mais je peux vous dire déjà que je suis encore plus fière que le 19 juin ; ). Euh... Alors non, question que la suite ne tombe comme un soufflé (!), je vous le dis directement : j'ai été refusée. Mais (!!!), punaise : j'ai grave assurée (sans modestie aucune ; ) ! Roulements de tambours (donc -!)... J'ai eu 22.75/40 en français (même pas que j'aurais été éliminée si le concours avait été soumis aux conditions pré-coronavirus !) et 29.5/40 en mathématiques. Wouwouwou !!! (Champagne !!! -évidemment ; ) Soit un total de 52.25/80, là où le dernier admis a obtenu 54.20/80. Deux malheureux points (et à mon avis une belle centaine de candidats) me séparent de mon envie de me retrouver face à une classe (enfin, dans une classe, face à des élèves -!). Mais je suis tellement heureuse (et fière !!! ; ) (ndlr : je dois être la seule personne refusée à un concours qui fait malgré tout la danse de la joie dans son salon !). Je me suis lancée un défi, et même si le but final n'est pas atteint, je l'ai relevé : )
Et puis comme je ne suis plus à quelques mots près (bravo aux lecteurs.trices ; ), je profite d'être devant mon clavier, dans mon endroit, pour remercier tout ce qui ont suivi l'aventure, et qui m'ont encouragé. Oui : merci !!!
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